“Quinté+ssence”, c’est un portrait de l’institution culturelle et sociale qu’est le bar-tabac : au sortir de la gare, aux points de passage ou au centre du village, les bar-tabacs sont constamment intégrés au paysage. Plus on s’éloigne de la grande ville, plus ces cafés populaires semblent centraliser la vie de quartier. Dans les petites banlieues et campagnes de Paris, on ne trouve que le strict nécessaire : supermarchés, écoles, boulangeries, et quelques restaurants à emporter. Alors, lorsqu’on cherche à se poser, boire un verre ou un café, c’est vers le bar-tabac que l’on se tourne.
Je suis donc partie en quête de l’essence de ce lieu emblématique, en arpentant les bar-tabacs du nord de Paris pendant plusieurs semaines. Là-bas, j'ai discuté avec les clients, les gérants, le personnel ; observé la dynamique des lieux, l’architecture typique des cafés, les traces laissées par les passages de chacun. Certains sont restés sur leur gardes, ont préféré rester à distance (sur plus d’une quinzaine de cafés approchés, la majorité n’ont pas souhaité que j’y prenne de photos) ; d’autres se sont laissés prendre au jeu de la pose, ont questionné et alimenté ma démarche, m’ont raconté quelques-unes de leurs histoires.
Je rends ici compte de cette expérience, de ces rencontres, du dépassement des préjugés sur ce lieu et sur ses habitants, à travers l’exemple de quatre établissements situés dans le Val-d’Oise : le “Tabac Voltaire” à Soisy-sous-Montmorency, le “Jean Bart” à Ezanville, le bar-tabac du “Puits la Marlière” à Villiers-le-Bel, et “Le Saint-Brice”, à Saint-Brice-sous-forêt.